Partir au frais ☃️❄️

Je suis une grande adepte du bronzage et des terrasses ensoleilées. Si j’avais le choix, je choisirais toujours l’été et tout ce qui l’accompagne. Mais, pour une fois, j’ai pensé qu’une exception à la règle ne pouvait pas me faire de mal. Bon…l’idée vient surtout de mon aventureuse de soeur qui a le don de me proposer des choses que seule, je n’envisagerai jamais.

C’est ainsi qu’un matin glacial de décembre, je me suis retrouvée à faire mes valises pour un périple de trois semaines à travers l’Europe, avec pour objectif : découvrir ce que voyager en hiver pouvait offrir de différent…

Voici l’itinéraire que nous avons suivi : Lausanne -> Ljubljana -> Zagreb -> Vienne -> Prague -> Berlin -> Amsterdam -> Bruxelles -> Londres -> Paris -> Lausanne (en passant par des petits villages comme : Bled, Celje, České Budějovice…)

Vagabondage hivernal

Allongée sur trois sièges, c’est dans cette position que j’ai passé les premières 8 heures de notre aventure… (ma faute, j’avais oublié de réserver les couchettes dans le train de nuit). Dormir dans un train, c’est déjà une expérience inhabituelle. Mais dormir dans un train en plein hiver et sans couchette… autant dire que je ne suis pas prête d’oublier ce trajet.

Au petit matin, après une nuit mouvementée, nous avons débarqué en pleins centre de notre premier stop : Ljubljana, capitale de la Slovénie.

Tout était immobile. Saupoudré de neige. Exactement ce qu’on s’imagine lorsqu’on pense à une ville endormie. C’est dans cette même atmosphère feutrée que nous avons découvert, une par une, les villes de notre itinéraire.

Via Couchsurfing, nous avons eu la chance d’être accueillies chez Matjaz, un ljubljanais physicien-spéléo-sauveteur, ce qui a rythmé notre séjour de découvertes culinaires locales fantastiques, de discussions sur l’astrologies et d’explorations musclées de grottes.

Lors d’une descente, alors que nous nous enfoncions dans les profondeurs, Matjaz nous a proposé d’éteindre nos lampes frontales afin d’apprécier le calme de la grotte. Un noir absolu et un silence que l’on ne trouve que là où aucun rayon ni reflet ne peut se glisser, et où les tumultes de la vie restent à la surface. Vingt longues minutes que j’imaginais effrayantes, mais qui se sont révélées être un moment de sérénité inédite. Pour la première fois de ma vie, deux de mes sens se retrouvaient sans aucun stimulus.

Je me suis rendu compte à quel point il est rare de ressentir sa seule présence et d’entendre que son propre souffle, rien d’autre.

En hiver, les villes nous ressemblent. Comme nous, elles émergent difficilement de leur sommeil et veulent traîner encore un peu au lit. Tu peux littéralement voir la ville s’éveiller doucement ; le marchand installer son étal pendant que la lumière du jour peine à se pointer, les habitants sortant un par un pour aller à la boulangerie…Rien ne presse. Décembre n’est pas comme le reste de l’année : c’est un mois où l’on ralentit, déjà parce que le sol est glissant, mais aussi parce que c’est le moment de faire son bilan personnel sur l’année qui vient de s’écoulée. C’est un mois que l’on consacre à nos familles, à ceux qu’on aime et à soi-même. Un retour à l’essentiel.

Cet état d’esprit propre à l’hivers, j’ai pu l’observer à chaque étape de mon voyage. Et partout, à la tombée de la nuit, ce calme laissait place à une excitation nouvelle, celle des fêtes qui approchent.

Les marchés de Noël de Prague, Vienne ou Amsterdam sont un spectacle à part entière. Ils débordent de vie et de lumière ! Ça fourmille de partout, avec des visiteurs venus des quatre coins du monde pour y chercher un peu de magie. Contrairement à Ljubljana ou Zagreb, où Noël semble vraiment être une affaire locale.

Oui, il faut bien s’habiller

Moi qui suis extrêmement frileuse, j’ai senti le froid à chaque instant. Il engourdissait mes mains, s’insinuait dans mon écharpe, et faisait de chaque escapade un véritable défi. Monter les marches d’une cathédrale ou longer les remparts d’une vieille ville devenait une épreuve, et les pauses, de véritables récompenses.

La chaleur prenait alors une toute autre valeur. J’appréciais encore plus le vin chaud entre mes mains, et les chataignes que je sortais de leur cornet encore brûlant. Le froid confèrait à chaque cafés, restaurants ou boutiques l’attrait d’une auberge accueillante au milieu d’une tempête.

Le froid nous réunit d’une manière bien particulière. L’hivers change les gens, il nous rend plus chaleureux. Comme si, pour compenser, nous devenions bienveillants les uns envers les autres. On déguste des plaisir tout simple : se rassembler autour d’une dégustation de nougats, une chorale d’écoliers ou d’un stand de pain d’épices. Face au froid, nos ressemblances s’exacerbent et notre amour (assumé ou non) pour Noël, nous rassemble.

À chaque coins de rue c’est la fête !

Durant cette période de fêtes, la musique descend jusque dans les rues. Chaque ville offre son propre spectacle : comédies musicals, concerts classique, jazz, soul, chorale, gospel, danses traditionnelles. Un vrai festin pour les oreille et les yeux.

Mais pas que ! Nos papilles ont aussi été émerveillés par les nombreuses gourmandises de Noël à travers l’Europe qui sont à elles seules une raison de partir en vadrouille durant l’hivers. La Potica slovène, la Kremšnita de Bled, les Fritule et les Krafne de Zagreb, la fameuse Sachertorte de Vienne, le Stollen à Berlin…et ça n’en finissait pas ! Si toutes ces sonorités étranges te donnent l’eau à la bouche, c’est qu’il est l’heure de sauter dans un train pour un vagabondage hivernal !

Le blanc et le silence

Le monde s’endort, il entre en hibernation. Par la fenêtre du train, je contemple le blanc immaculé qui recouvre tout. Dès que le train quitte les gares et s’éloigne des centres-villes, un silence complet s’installe. C’est un calme qu’on ne retrouve à aucune autre saison. En d’autres moments de l’année, il y a toujours un chant d’oiseau, le murmure d’un ruisseau, un craquement, quelque chose qui se prépare. Mais là, il n’y a que du repos. Le monde entier savoure un repos bien mérité.

C’est le moment idéal pour découvrir le monde loin de l’agitation touristique. Un sentier, une balade en forêt, une sortie à vélo ou l’exploration d’une grotte : l’expérience en plein air est d’autant plus immersive en hiver, car peu de gens osent s’aventurer dehors. Voir les étendues de neige vierge, immaculées, que personne n’a encore foulée, renforce la sensation d’être l’unique explorateur des lieux.

Le blanc de la neige souligne les contours des toits et met en valeur l’architecture typique de chaque région. Ces paysages glacés m’ont offert une toute nouvelle lecture des lieux.

Vivre l’hivers ailleurs au moins une fois

Faire du patinage sur un lac croate, descendre les pentes d’une colline tchèque en luge , déguster un vin chaud hollandais, se réchauffer dans des bains thermaux au milieu d’une forêt slovène…et pourquoi ne pas partir à la recherche de la meilleur bûche d’Europe ?

Je chéris particulièrement ce voyage, car je sais qu’une fois n’est pas coutûme de quitter son nid douillet en plein hivers. Mais j’inviterai tout le monde à sauter dans un train en décembre et vivre au moins une fois un hivers chez l’autre plutôt que chez soi. C’est une période très particulière qui nous invite à l’introspection et à se renouveler. Ces ingrédients réunis sans aucun doute donneront lieu à un voyage spécial pour toi aussi.

 

Publié par Dac Hanh